→ SCÈNES

THEATERSPEKTAKEL 2014

dubois une couleurs

Olivier Dubois & Ballets du Nord

danse

Astrit Ismaili

germinal

Halory Goerger & Antoine Defoort

Quelques impressions en images. Photos: TheaterSpektakel.


24 NATIONALITÉS, 30 REGARDS SUR LE MONDE...

Texte: Anne Fournier


Zürcher Theater Spektakel, tout un univers à Wollishofen, plusieurs scènes, au bord du lac

www.theaterspektakel.ch

Du 14 au 31 août 2014.


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35 ans. 35 ans d'incessantes bulles d'air et de génie. De questions aussi. Troublantes, dérangeantes, agaçantes parfois. Le Zürcher Theater Spektakel mérite bien sa place en fin d'été... Lorsque la rentrée presse, lorsque l'esprit a pu s'évader vers d'autres horizons. Ou simplement se laisser oublier. Il survient alors, l'air de rien, vaillant mais bien là pour troubler nos horizons. Avec ses rangées d'ampoules multicolores, ses stands de gastronomie cosmopolite, ses chapiteaux où le quotidien urbain s'étiole avec délicatesse.

Cet été le festival zurichois a sans doute encore plus de poids. Au moment où la planète s'embrase en bien trop d'endroits, où la précarité nourrit des pensées trop faciles, il questionne le réel. Il témoigne. Vingt-quatre nationalités, quelque trente productions, dont plusieurs venues de l'Orient grâce au Libanais Rabih Mroué ou encore l'Iranien Amir Reza Koohestani. Le premier raconte le destin brisé de son frère atteint d'une balle dans la tête et depuis privé de parole et de mémoire. Le second se nourrit de la finesse de Tchekhov pour caresser les illusions de la jeunesse de son pays.

Du théâtre documentaire, ou plutôt du théâtre du réel avec le metteur en scène suisse Milo Rau, qui questionne l'engagement de jeunes volontaires européens dans le conflit syrien. Pourquoi combattre en faveur d'un extrémisme religieux ou politique? Derrière ces interrogations, ce sont aussi les langages qui se multiplient, qui se décomposent, qui à leur manière racontent un monde en mal de repères. Les corps en grâce et nus des danseurs du Français Olivier Dubois ; ou encore les élucubrations de langages qui interrogent la communication avec dérision grâce au Germinal des franco-belges Goerger&Defoort.

On n'oubliera pas les acrobaties de cirques ou de musiques. Comme ça en vrac, et sans crier gare : Erika Stucky et ses airs de folklore helvetico-texan, les défis d'équilibre lancé par les Finnois du «Race Horse Company» pour faire trembler les chapiteaux ou encore les «talentueux urluberlus» de l'Orchestre tout puissant Marcel Duchamp. Venu de Genève.

Parce que l'art sait être là où on ne l'attend pas. Pour faire découvrir.