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ARTICLE 353 DU CODE PÉNAL

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DÉCORTIQUER LE PROCESSUS DE L'ARNAQUE

Texte: Laurence Hainault Aggeler


Quand l’arrogance s’ajoute à la malhonnêteté dans une tromperie de haut vol, les escrocs vont trop loin. Que penser alors de la responsabilité individuelle et de la violence des choix moraux? La question est grave. Ce roman tente d'y répondre avec une intensité inattendue vue la sécheresse du titre.

Le livre est paru en 2017

ISBN 978-2-7073-4307-9

Prix du Public 2017 du Salon du livre et de la presse de Genève


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UN HOMME SANS HISTOIRE
Martial Kermeur aime son village, son fils Erwan (dont il a la garde depuis son divorce) et la côte bretonne où il a passé une existence aussi rude que le vent de sa presqu’île. Même s’il vient de perdre son emploi d’ouvrier à l’arsenal de Brest, une belle indemnité de licenciement va lui permettre d’acheter un bateau de 9 mètres de long, le Merry Fisher, et de se consacrer à la pêche. Son avenir s’annonce paisible, heureux.

DES ACCENTS D'UNE FRANCHISE ACCABLANTE
Mais, un soir, Martial Kermeur jette le promoteur Antoine Lazenec à la mer. Pour expliquer ce meurtre  indispensable, le récit adopte la logique des démonstrations. Avec une franchise accablante, le narrateur déroule le fil des manœuvres de cet intrigant qui «débitait ses phrases à angle droit». Pendant ce temps, «mallettes à la main, chemises roses et chaussures noires en faux cuir», ses acolytes vendaient des rêves immobiliers aux habitants lassés de leur contrée morose.

RÉCIT EN HUIS CLOS
Sous le regard inquisiteur du juge, Martial analyse tout le processus de l’arnaque, la crédulité des victimes, la cruauté des malfaiteurs, le crescendo inéluctable de la colère des plus forts, la décomposition psychologique des plus faibles. La parole libre, humble d'un homme brave adopte le rythme vrai du parler populaire et ses métaphores révèlent l’acuité de la souffrance. Surprenant de perspicacité, le meurtrier se raconte dans le huis clos d’un bureau étouffant.

RENCONTRE ENTRE LE DROIT ET LA FORCE
Martial devient Kermeur. Il décortique son rapport ambigu avec  Lazenec qui le trompe de façon éhontée, grandes tapes dans le dos et blagues déplacées à l’appui. Sans parler de ce chantier boueux rendu au point mort, de l’argent volatilisé, du malaise omniprésent dans le village. Et soudain, Martial ressent une douleur, «sans savoir si ça brûle, ça pique ou ça détruit» et il comprend, il doit agir jusqu’au drame, d'une manière implacable, sans connaître le moyen de «faire se rencontrer le droit et la force»…

LHA 10/12/2018