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LA TENDRESSE

Tendresse end une couleurs

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La tendresse (source Larousse): Sentiment tendre d'amitié, d'affection, d'amour qui se manifeste par des paroles, des gestes doux et des attentions délicates.

 


UN TEXTE QUI A FAIT MOUCHE... POURQUOI?

Texte: Laurence Hainault Aggeler


POUR ÉCOUTER
la chanson de Bourvil: ici

Et la symphonie confinée: La chanson : https://www.youtube.com/watch?v=rEjvRktXeis


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PHÉNOMÈNE MUSICAL
Eh bien, malgré des avis contraires, aux dernières nouvelles, l’amour se porterait plutôt bien. Preuve en est le phénomène musical spontané qui a permis à tous de tenir le coup durant la période de confinement.

«La tendresse», chanson populaire des années 60, a envahi les réseaux sociaux et s’est multipliée sur les sites. Un gros succès! À coup sûr, la ritournelle sentimentale a fixé ce moment historique où le contact physique était banni, voire condamné. Tout rapport d’amour se réfugiait grâce à elle dans l’expression pure de sentiments doux, via Internet. Ajoutons à cela une peur ambiante, savamment entretenue par les médias, d’où le besoin consécutif de solidité communautaire et de tendresse généralisée. Malgré son côté sirupeux, la rengaine a fait mouche et chacun se souviendra de cette période en l’écoutant.

LA SYMPHONIE CONFINÉE
La chanson fut créée par Bourvil au début des années 60 et elle reste émouvante de naïveté, de ressenti personnel. Par contre, sa reprise en 2020 revêt une nouvelle forme planétaire. Elle choisit même le nom de «Symphonie confinée», accompagnée d’une mosaïque de visages comme on les retrouve sur les écrans multipliés des vidéoconférences. Les interprètes de tous âges et de toutes ethnies entonnent l’un après l’autre les couplets dans leurs solitudes respectives. Apparaît également la représentation dansée et ludique des «Kids», un groupe de beaux enfants joyeux purs et convaincus. Quoi de plus poignant! À faire pleurer Margot dans les chaumières, tant les clichés stylistiques et idéologiques abondent. Au point d’en agacer certains.

DES INGRÉDIENTS BIEN CHOISIS
Toutefois, les ficelles émotionnelles sont si grosses qu’on ne peut nier leur solidité; et la recette fonctionne pour mettre du baume au cœur des 7 à 77 ans. Les ingrédients y sont choisis avec discernement. Tout le monde redoute de mourir, mais le verbe vivre apparaît dans presque tous les paragraphes; les ambitieux confinés sont immobilisés sans espoir de promotion, or il est écrit que «la gloire ne prouve rien»; les actifs enfermés souffrent du désœuvrement, mais on prétend que «rester des semaines sans rien faire, eh bien, on s’y fait!», les jeunes passionnés sont réduits à l’inhibition pourtant il demeure la tendresse sans laquelle «l’amour ne serait rien», quant au coup dur «impitoyable [qui] vous tombe dessus», le virus en l’occurrence, il s’effacera sous les baisers d’un enfant. Puis surgit le cri ultime: «Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu… faites donc pleuvoir sans cesse au fond de nos cœurs des torrents de tendresse, pour que règne l’amour jusqu’à la fin des jours ». Retour aux valeurs euphoriques en vogue dans les années 60, date de sa création.

UN BIEN MÉMORIEL
Nous possédons tous nos airs de célébration individuelle propre à la résurgence des souvenirs. Ce poème est un bien mémoriel collectif du combat contre le virus. «La tendresse» se distingue par sa qualité fédératrice; elle dépasse les polémiques sur ses qualités littéraires ou ses interprètes. Elle s’impose en tant qu’acte de résistance unanime. Qui oserait prétendre maintenant que les sentiments sont en voie de disparition?


L.H.A 26/06/2020