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«TA PROMESSE»
«L'AMOUR, CET IDIOTISME»
Texte: Valérie Valkanap
Ta promesse, de Camille Laurens
Gallimard mars 2025, 357 pages.
Grand Prix RTL 2025
C’est un roman comme on les aime, un récit dédié à la recherche de la vérité. Celle qu’on s’acharne à trouver, notre vie durant et dans un questionnement incessant, au fond de chaque être humain (nous-mêmes, les autres). Cheminement ô combien aléatoire et douloureux tant nous sommes pétris de doutes, ambiguïtés, contradictions. Le récit s’ouvre sur une fin très énigmatique signant la cassure d’un couple, Claire et Gilles. Puis il remonte à l’époque de leur rencontre. On ne cessera, dès lors, de chercher à y voir plus clair dans cette relation trouble.
Claire, romancière, succombe presque immédiatement à Gilles, metteur en scène. Elle raconte son attirance irrésistible pour cet homme très séduisant, spécialiste des marionnettes, pianiste à ses heures. Son récit est parfois entrecoupé d’apartés humoristiques sur le manque d’érotisme de son amant brûlant, son intellectualisme (dont on apprécie au passage la distinction d’avec l’intelligence), sa peur de souffrir ou encore sa superficialité (son «prêt-à-penser »). Mais il la bombarde de mots doux, l’entoure de tellement de soins et d’attentions qu’elle ignore les signaux d’alerte qui clignotent néanmoins dans sa tête comme dans celle du lecteur.
Parallèlement au récit, des témoignages devant magistrat au sujet de Claire nous indiquent que quelque chose de grave est arrivé, ce qui renforce notre curiosité. Nous cherchons à déceler, aux côtés de la narratrice, à partir de quand et pourquoi la relation s’est dégradée. Elle s’interroge sur ce qu’elle a fait de faux. Elle s’obstine jusqu’au moment où elle réalise enfin qu’il n’y a rien d’autre à comprendre qu’une volonté de destruction massive.
«Ces gens-là vivent dans une réalité falsifiée, la vérité est ce qu’ils décident». Ils sont dépourvus d’empathie et seule compte l’image qu’ils veulent donner d’eux-mêmes. La narratrice, écorchée vive mais lucide, décortique pour nous un modus operandi étrangement familier. Est-ce l’époque qui veut ça? On dirait que ces personnes sont bien plus nombreuses qu’on le croit.
V.V. 25.06.25
Publié le 27 juin 2025
