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«CHAVIRER»
"À défaut du pardon, laisse venir l’oubli". Alfred de Musset, La Nuit d’octobre.
L'une des citations mises en exergue par l'auteure.
... À DÉFAUT DE PARDON, LAISSE VENIR L'OUBLI... ET CONSTRUIS-TOI UNE CHAPE DE PROTECTION!
Texte: Laurence Hainault Aggeler
«Chavirer» de Lola Fonte
L’histoire s’inscrit dans le sillage du mouvement MeToo et de l’affaire Matzneff! Mais elle va plus loin.
Périphériques au thème central, de nombreuses problématiques sont abordées: l’inégalité sociale, le combat syndical, l’exploitation des artistes, le racisme sous toutes ses formes, la marginalisation … Ne s’agirait-il pas en fait d’un grand débat de société?
En lice pour le Goncourt. Finalement ne fait pas partie de la dernière liste.
Le 11 novembre, nous organisons (si nous le pouvons) une rencontre LES LIVRES QU'ON M - LE CHOIX GONCOURT en collaboration avec des étudiants de la Chaire de littérature et de civilisation française de l'ETHZ et le ROSE de l'Uni Zh.
Bientôt plus d'infos
SALIE, HONTEUSE
Tout commence en 1980 avec Cléo, 12 ans et demi, adolescente rêveuse, ballerine ambitieuse et tenace. Ni très belle, ni très sûre d’elle-même, Cléo vit dans la banlieue Est de Paris. Elle est issue d’une famille aimante, mais trop simple pour la protéger des mauvaises rencontres, et se laissera éblouir par la rabatteuse d’un réseau pédophile. On lui promettait la meilleure école de danse new-yorkaise, elle se retrouve salie, honteuse, abîmée. Le déchirement psychologique de la victime nous fait clairement saisir l’horreur de l’épreuve traversée. Ultime perversité: Cléo en perdition entraîne certaines de ses camarades dans le piège. Silence garanti par la culpabilité.
SURVIVRE
Cléo martyrise son corps afin d’acquérir la maîtrise des pas du modern jazz. Enfin sélectionnée, la candidate à la renommée peut danser dans la troupe d’une émission de Michel Drucker. Puis elle devient la vedette d’un établissement de divertissement érotico-artistique. Couverte de plumes et de paillettes, la jeune femme survit dans ce monde épuisant du spectacle. Le rythme infernal des représentations engendre les souffrances psychiques et physiques. Beaucoup de personnages vont croiser la route de Cléo: l'habilleuse, toute de douceur et d’attention, l’imprésario compréhensif et déséquilibré, le médecin bienveillant …
ET CEUX QUI AIMERONT CLÉO
Le premier s’appelle Yonasz. Ce compagnon de classe brillant, complexé d’être juif, est malheureusement trop égoïste pour comprendre une jeune fille blessée. Suivra Laura, la serveuse militante, incarnation de la passion homosexuelle dévorante, mais «il aurait fallu arriver neuve devant un aussi bel amour et elle n’en avait pas eu le temps». Jusqu’à la découverte d’Adrien, l’époux généreux, tolérant. La vie prend alors un tournant salvateur. Une fille va naître. Ces deux amours la couvrent «comme une bâche de protection». Un jour, une enquête va faire éclater le scandale. Vient le moment du jugement public et se pose la question du pardon…
DÉROUTANT
À coup sûr, ce roman présente des aspects littéraires novateurs: les portraits sont entremêlés au gré d’une chronologie fantasque, les personnages cabossés, campés à gros traits violents nous font découvrir leurs drames intimes au détour de circonstances inattendues. Mais voici un livre qui vaut la peine de ne pas se laisser dérouter.
L.H.A 10/2020
