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PLONGER DANS LE QUOTIDIEN DES AGENTS DE LA PÉNITENTIAIRE

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 Guillaume Poix Gallimard 280Photo F. Mantovani © Gallimard


UNE MANIÈRE D'ASSERVIR LE RÉEL

Texte: Laurence Hainault Aggeler


Guillaume Poix, «Perpétuité», Collection Verticales, Gallimard

Paru le 21 août 2025

C'est l'un des livres dont nous parlerons le 10 novembre, à 19h, à l'ETHZ, lors de notre rencontres Les livres qu'on M: Le Choix Goncourt de la Suisse

Ancien élève de l’École normale supérieure et diplômé de l’ENSATT en écriture dramatique, Guillaume Poix est écrivain. Il est l’auteur d’une dizaine de pièces. Il a notamment travaillé avec Lorraine de Sagazan sur «Le Silence» (Comédie-Française, 2024). 
Il sera associé à trois créations du Theater Neumarkt cette saison. 


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UN CADRE INSUPPORTABLE
Avec ses errances, ses paradoxes, sa désorganisation profonde, le système pénitentiaire français arrive au bord de l’implosion. Le décor est insupportable: les barbelés, les mailles des filets de protection, les portes blindées. Ce qui n’a pas de fonctions, comme les zones franches et les notifications incessantes, crée la crispation. Le langage administratif bourré de sigles devient «une manière d’asservir le réel en le rétrécissant». La peur emplit la nuit quand l’événement inattendu met tout le monde en danger, les surveillants épuisés, les prisonniers hagards «qui croupissent à quatre dans 9m²».

UNE ATMOSPHÈRE TERRIFIANTE
Pour écrire ce livre, Guillaume Poix a effectué une immersion dans une maison d’arrêt. Il décrit cette réalité qui rejoint l’étouffement. Chaque personnage prend l’épaisseur du héros sans en avoir le statut et côté maton, les actions machinales, l’humour noir, la culpabilité du soulagement à l’heure de la sortie, tout est rendu et glace le sang.

UNE CATASTROPHE PRÉVISIBLE
Chacun se sent en exil en attendant le drame, mais il faut repousser les craintes, soulager les meurtrissures. Pourtant l’émotion pudique reste au rendez-vous. Voici un roman différent sur les prisons. Les situations particulières rejoignent le dysfonctionnement général et le style mélange la rudesse de la parole crue du milieu carcéral à la surprenante poésie échappatoire des visions salvatrices. Car il faut tenir à n’importe quel prix.
L.H.A 09/2025

Publié le 29 septembre 2025