→ CINÉMA
PARTIR UN JOUR
La mère aussi est une rêveuse
Raphaël et Cécile_ L'amour fou
Juliette Armanet, formidable de spontanéité dans son rôle de Cécile
RÉVEILLER DES SOUVENIRS...
Texte: Valérie Valkanap
Un film sans prétention qui saura réveiller en chacun des souvenirs nostalgiques et précieux.
PARTIR UN JOUR, premier film d’Amélie Bonnin (F. 2025, 98 mn). Une comédie musicale romantique sur les écrans suisses alémaniques à partir du 2 octobre 2025
A Zurich, par exemple au Houdini: https://www.riffraff-houdini.ch/de-ch/film/partir-un-jour.html
LA RÉUSSITE DE CE FILM REPOSE SUR UN MOT: NOSTALGIE. Nostalgie de nos jeunes années, avec des chansons que nous avons fredonnées et nostalgie de nos premières amours, belles et bien révolues, mais que nous portons encore vivaces dans un coin secret de notre cœur. Cécile (la célèbre chanteuse Juliette Armanet), Top cheffe à la télévision, est sur le point d’ouvrir un restaurant avec Sofiane (Tewfik Jallab) quand elle reçoit un appel de sa mère (Dominique Blanc, de la Comédie française). Son père (François Rollin) vient de faire un troisième infarctus. Elle se rend alors à l’Escale, le restau routier tenu par ses parents. A l’occasion de cette parenthèse inattendue, elle se trouve confrontée à des problèmes auparavant minimisés. Un père qui ne lui a jamais pardonné d’avoir préféré les hautes sphères à son modeste routier. Un compagnon avec lequel elle a privilégié le travail et auquel elle ne sait comment annoncer sa grossesse. C’est alors qu’elle revoit son premier béguin, Raphaël (Bastien Bouillon), drôle et charmeur à souhait. Partira-t-elle dans une fuite en avant plus que tentante?
S’ENTÊTER À NE VOULOIR AUCUNE AIDE, quand on en a pourtant besoin, c’est de la fierté mal placée. En tirer un plaisir masochiste, alors qu’on réalise que cela fait souffrir ses proches, c’est de la perversité. Avec le vieillissement de la population, combien d’adultes ne doivent-ils pas, aujourd’hui, subir en silence les reproches de leurs parents âgés et manipulateurs? Il serait temps de leur mettre des limites claires comme Cécile qui, tout en lui renouvelant son affection, rappelle à son père qu’elle a droit à une vie en dehors de lui.
QUAND ON AIME, IL FAUT ÊTRE HONNÊTE, lance Cécile à Sofiane. Belle affirmation mais ô combien difficile à mettre en œuvre, tant on n’ose blesser l’être cher. Pour Sofiane au contraire, quand on aime «on dit qu’on est d’accord même si on ne l’est pas». Cette loyauté à toute épreuve a pourtant un prix. Entrer dans le mensonge par amour n’est-il pas propice à créer des malentendus et générer froid et distance dans le couple?
Il reste qu’on passe un excellent moment dans ce film chaleureux aux dialogues pleins de répartie et d’humour. Les chansons tombent à point nommé et permettent de relativiser /dédramatiser les déconvenues inhérentes à toute existence. («Pas regretter, penser à demain, recommencer» dit la chanson des 2Be3 qui donne son titre au film). La simplicité de la jeune réalisatrice émeut. Son authenticité se voit confirmée dans le générique de fin où elle remercie ses «potes» et les restaus routiers de lui avoir permis le tournage.
V.V. 30.09.2025
Publié le 1er octobre 2025