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NOS MOTS 2021

PRINTEMPS 2021

 


Si vous avez envie de nous envoyer votre mot ou les mots choisis par votre classe, vous êtes les bienvenu-e-s!


→ UN REGARD NEUF SUR DES MOTS PAS TOUJOURS NEUFS

violette280
Violet - Violette (Photo: Marie-Pierre Frossard, 2021)
Musique des voyelles, bruitage des consonnes...
Proximité 280
Proximité (Photo: BZ, Archives)
Cette faible distance des autres, dont on tant besoin...



Il y a des mots qui représentent une époque ou lui collent à la peau. Ou qui tout simplement résonnent en nous parce qu'ils évoquent des images, des situations, des vécus...

Voici le début de nos réfléxions. Nous serions très heureuses que vous y participiez!

RÉSILIENCE (la) - RESILIENZ (die) - RESILIENZA (la)

Et maintenant, je fais comment? C’est la question que je me pose tous les matins et à chaque insomnie, depuis un an. Je fais comment, pour enseigner à des élèves masqué·e·s et épuisé·e·s par un bal qui s’éternise? Pour conjurer l’engourdissement? Pour les initier à la culture alors que tout est paralysé et que l’école nous interdit de franchir ses murs ou d’y faire entrer quelqu’un?

À mes yeux, la réponse tient en un mot: résilience. Je sais – je sens – que l’école doit devenir un espace de résilience. Oui mais… il n’y a pas de mode d’emploi. Et maintenant, on fait comment ?
Véronique Arlettaz (TI)

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PROXIMITÉ (la) - NÄHE (die) - PROSSIMITA (la)

La proximité, cette faible distance des autres, dont on a tant besoin, car elle permet l'échange, la tendresse, qu'elle s'oppose á l'isolement stérile mais qui nous est déconseillée voire interdite depuis un an.  Indispensable á toute vie en société et pourtant «sanitairement» diabolisée.
Laurence Hainault Aggeler (SG)
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ÉCOUVILLON (un) -

Tige dont l'extrémité sert à effectuer des prélèvements dans les cavités naturelles. Pas un journal télévisé ces derniers mois sans que l'on nous montre ce petit objet s'insinuant dans une narine... Le test anti-covid devenu la seule caresse - parfois un peu vache entre deux inconnus. Et qui s'expose, de façon démonstrative.
Ah si, depuis quelques semaines, viennent s'ajouter d'autres contacts, la seringue qui disparaît dans la chair du bras. Jamais vu autant de bras, souvent fripés. Par contre, on n'a pas encore vu beaucoup de vaccins!
Alors ce mot écouvillon, aussi joli que bigoudi, est entré dans notre vie. Espérons qu'il ne sera bientôt qu'un joli mot d'autrefois... comme les bigoudis de nos grands-mères...
Sandrine Charlot Zinsli (ZH)

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VIOLETTE VIOLET - VEILCHENBLAU - VIOLETT

Musique des voyelles, bruitage des consonnes
Force de la fleur qui perce la croute hivernale, printemps
Parfum lourd pour une si petite chose suspendue, tige fragile
Couleur de la vie de la force, le féminin s’affirme
Agnès Jobin (FR)

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CHALOUPER 

C'est la chanson de Gaël Faye qui m'a donné envie de proposer ce mot, beau comme une embarcation qui part pour un grand voyage dans les mers du sud.
Une image qui évoque les Caraïbes qui sont en nous. Il suffit de retirer nos chaussures et de monter le volume! Parce que nous n'avons jamais eu autant envie de danser à en perdre le nord et aussi l'est pour nous retrouver complétement à l'ouest...
Voulez-vous danser avec nous? Ou préféreriez-vous que nous chaloupassions ensemble? Avez-vous la passion de la biguine ou le béguin pour le bélé?
Une chose est sûre... on vous attend bientôt sur le dance floor!!!YEHHH!
Dona Carlotta (ZH)

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ESSENTIEL / WESENTLICH / ESSENZIALE

Voici un mot qui me semble coller à la peau de notre époque, c'est le mot du moment: essentiel / non essentiel.

J'ouvre le dictionnaire. Essentiel: ce qui est par essence et non par accident. Accident: événement imprévu qui soudain entraîne des dégâts. Le virus, ce minuscule accident aux dégâts majuscules pousse l'humanité à redéfinir son essence.

Mais qu'est-ce que l'essence de l'homme? Quel est son gasoil, qui le chauffe ou le transporte?

L'essence de l'homme disait Sartre c'est ce qui vient après l'existence. D'abord l'homme existe. Puis seulement ensuite, il trouve son essence. Il doit lui-même construire le sens de sa vie.

En forçant l'homme à n'avoir accès qu'aux commerces alimentaires, le virus pousse l'humanité dans le retranchement de sa simple existence. Manger, boire relèvent des besoins primaires de l'existence. Cela ne relève pas de l'essence. On aurait finalement dû parler de commerces existentiels.  

Mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde, disait Camus. Et, la confusion crée du débat: doit-on ouvrir les jardineries? Jardiner, est-ce essentiel? Ça se discute. Être coiffé d'accord, mais s'habiller, non. Lire? Aller au théâtre?

Finalement, comment une activité humaine peut-elle être non essentielle (NONNE ET SANS CIEL)?

Les hommes, d'essences différentes comme les arbres d'une forêt, cherchent, en ce moment, le sens au-delà de leur maigre existence, et c'est ce qui fait notre humanité. C'est comme ça que nous luttons contre les dégâts du virus, en réinterrogeant le sens de nos actions, en redéfinissant notre essence.

Si j'osais... je dirais, pour paraphraser Jean-Sol Partre, que le covidisme est un humanisme.
Envoyé par Yvette Racine (ZH)

Publié le 19/03/2021 - Modifié le 23/03/2021 et le 07/04/2021