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CONCEPTS DU ALL-OVER


Hauskonstruktiv A 9347082 Medien 280 La salle à manger de Rockefeller de Fritz Glarner datant de 1963/64, revisitée par Alfredo Häberli - Photo: Stefan Altenburger
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Vue de l'expositon . Photo: SCZ
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Carlos Cruz-Diez, Chromosaturation, Paris 1965/2008 - Photo: Atelier Cruz-Diez © Carlos Cruz-Diez / Bridgeman Images 2024
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Carlos Cruz-Diez, Chromosaturation. Vue de l'exposition. Photo: SCZ
Hauskonstruktiv2 MG 5104 Foto ArtFront GalleryTokio Medien 280Esther Stocker, A Space For Thoughts - Vue de l'exposition. Photo: SCZ
HK2024 tunnel 280Reto Pulfer: Vue de l'exposition. Tunnel à base de toiles à fromage. Photo: SCZ

 


AVANT SON DÉMÉNAGEMENT, LA HAUS  KONSTRUKTIV S'INTÉRESSE AU «ALL-OVER»

Texte: Sandrine Charlot Zinsli


Museum Haus Konstruktiv
Selnaustrasse 25
8001 Zürich
www.hauskonstruktiv.ch/

Vernissage le 2 octobre 2024 à partir de 18h

L'exposition dure jusqu'au 13 avril 2025


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FINIR EN BEAUTÉ
C'est la dernière exposition de la Haus Konstruktiv dans le bâtiment de EWZ Selnau. Pour fêter ce départ vers le quartier des galeries de la Löwenbräu au printemps prochain, le musée nous offre une explosion de couleurs, combinée aux formes, à l'architecture et à la lumière. L'exposition collective met en relief toutes les potentialités du bâtiment industriel, et les artistes Carlos Bunga, Carlos Cruz-Diez, Fritz Glarner, Ana Montiel, Reto Pulfer, Christine Streuli et Esther Stocker ont des espaces entiers à disposition pour leurs oeuvres souvent monumentales. C'est assez impressionnant! Citons quelques  exemples.

RELATIONAL PAINTINGS
La Haus Konstruktiv abrite depuis ses débuts la salle à manger des Rockfeller que l'artiste suisse-américain Fritz Glarner (1899-1972) a conçue pour leur appartement de New-York en 1963 et réalisée en 1964. Les couleurs primaires (rouge, bleu, jaune), mais aussi le blanc, le noir, le gris, sont mises en relation les unes avec les autres, dans des formes géométriques, légèrement en déséquilibre. Des lignes obliques en perturbent de façon presque imperceptible la composition. Ces peintures recouvrent les murs et le plafond. L'ameublement se fait transparent, juste là pour souligner la fonction première de l'espace. Espérons que cette table sert parfois à des repas nocturnes pour les artistes invités ou le personnel!

ENTRER DANS LA COULEUR
Chromosaturation (Paris, 1965/2010) de Cruz-Diez nous plonge dans un environnement artificiel composé de trois chambres colorées monochromes (bleue, rouge et verte). La couleur devient matière. C'est déstabilisant de se voir confronter à une seule couleur avec une telle intensité. On s'étonne de ne pas resssortir bleu ou vert ou rouge. Il faut quelque temps pour retrouver l'équilibre.

ORDRE ET DÉSORDRE
Comment se sent-on dans un espace recouvert de motifs géométriques?  Esther Stocker (*1974 Schlanders, IT, vit à Vienne, AT) montre que l'on peut s'y sentir perdu ou au contraire, étrangement bien. L'installation et les sculptures (des espèces de brouillons ratés dont on a fait des boules et qu'on a jetés dans un coin) déroutent et déstabilisent, pourtant elles ne reposent que sur le blanc et le noir et le motif de la grille. Celle-ci, au lieu de nous enfermer, nous ouvrent de nouvelles portes de perception.

HAMEAU PLEIN DE MOTS
C'est par un tunnel en toile que Reto Pulfer nous conduit vers une sorte de hameau constitué d'architectures textiles disparates, riches de textes et de dessins. Nomadisme choisi ou imposé? On ne le saura pas. Tout cela a l'air à la fois bricolé à l'aide de matériaux de récupération et réfléchi. Il y a des pleins et des creux, des espaces qu'on contourne ou qu'on pénètre. Il manque les arbres. Sinon on pourrait presque croire qu'on se promène dans une forêt habitée de zadistes. Ils ont laissé des objets, des instruments de musique qu'on entend parfois. C'est sans doute l'étage où l'humain et la nature sont les plus présents.

All over. Oui, les propositions envahissent tout l'espace, elles débordent du cadre. Elles élargissent le regard. Over? Non, toutes ces installations provoquent des sensations contradictoires mais qui restent en nous encore longtemps.  

Publié le 1er octobre 2024