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LIVRE: LES ÉVAPORÉS
AIDER LES AUTRES À DEVENIR UN CLANDESTIN DANS LEUR PROPRE PAYS, UN METIER D’AVENIR AU JAPON ?
Texte Valérie Lobsiger
Les évaporés, de Thomas B. Reverdy
Flammarion éditeur, août 2013, 300 p
AU JAPON D’APRÈS FUKUSHIMA, les pauvres sont devenus encore plus pauvres et la société dans son ensemble s’est précarisée: la catastrophe nucléaire a entraîné des milliers de morts et les survivants de la zone contaminée ont non seulement perdu leur logement mais ils continuent de payer les traites de maisons désormais inhabitables. La mafia japonaise gouverne de façon occulte le pays. La malversation économique et financière a remplacé la violence de rue et un nouveau prolétariat a vu le jour : les «déchargeux», chargés de déblayer la zone irradiée. Parce qu’ils ont perdu leur emploi et /ou ne peuvent plus payer leurs dettes, de plus en plus de gens «s’évaporent», c’est-à-dire qu’ils prennent la fuite, de nuit, sans laisser d’adresse. En général, on ne les retrouve pas et on n’entend plus jamais parler d’eux. La police n’enquête pas sur la disparition de ces personnes dont la fuite est vécue comme une honte par leur entourage. Dans ce roman, Reverdy se livre, sur un ton légèrement désabusé, à une véritable étude de société, ceci à travers les efforts (pas tout à fait vains) déployés par un détective privé américain, ne parlant même pas la langue du pays, pour retrouver la trace d’un de ces évaporés.